
La K-pop est un des éléments de la vague coréenne « Hallyu » et l’un des vecteurs les plus importants de diffusion de la culture coréenne à l’international.
La K-Pop est un mélange de plusieurs styles modernes occidentaux. Cependant, elle prend ses origines dans le style « Trot », l’une des plus anciennes formes de musique pop coréenne. Il est similaire à l’« Enka » japonais apporté lors de la colonisation de la Corée au début du XIXème siècle. La popularité de la musique « Trot » s’épuise à l’arrivée de groupes de musique K-pop tels que Seo Taiji and Boys en 1992.
La pop coréenne est largement inspirée de la musique américaine dont le rap, le rock, le RnB ou encore le hip hop. Elle touche surtout la jeune génération qui accompagne volontiers une Corée ouverte sur le monde. Le style K-pop se différencie notamment par ses chorégraphies spécifiques. On note des gestes sensuels et aguicheurs pour les groupes féminins, des pas dynamiques pour les groupes masculins. Aussi, la pop coréenne se distingue en intégrant des mots anglais dans ses chansons afin de les rendre plus accessibles.
Au-delà d’un style chorégraphique sans faille et de paroles accessibles, les maisons de disque coréennes ont développé une stratégie de force afin d’emporter la vague « Hallyu » au-delà des frontières.
La première maison de disque dans le domaine est S.M. Entertainment, créée en 1995. Puis arrivent YG Entertainment en 1996 et JYP Entertainment en 1997 (celle-ci possédant depuis 2008 une succursale à New-York).
Lee Soo-Man, producteur et fondateur de S.M. Entertainment, présente sa méthode de travail lors d’une conférence donnée durant l’été 2011. Cette stratégie, la Culture Technologie, prend en compte tous les champs de développement possible autour de l’artiste. Autrement dit, il s’agit de mettre en place un véritable Star System.
Pour cela, les artistes sont sélectionnés dès l’école primaire lors de castings, aujourd’hui internationalisés. Une fois sélectionnés, ces jeunes suivent un entraînement interne intensif, « an in-house training », qui peut durer entre deux et sept ans. Ils apprendront le chant, la composition et l’utilisation d’instruments de musique, la danse, la comédie, les langues étrangères, etc. Une fois prêts, la maison de disque va mettre en place des groupes de cinq, sept ou neuf artistes, leur choisir un genre musical, accentuer les personnalités de chacun.
La communication développée autour des groupes est perfectionnée jusqu’à l’extrême. La musique sera retravaillée de nombreuses fois, notamment en la soumettant à l’avis d’un groupe test, les vidéo-clips, les looks sont travaillés jusqu’au moindre détail. Aussi, les chanteurs deviennent généralement acteurs pour le cinéma et les « dramas », part importante de l’« Hallyu ».
Le marketing quant à lui est majoritairement lié aux nouvelles technologies. On assiste en effet à un sponsoring avec des entreprises telles que Samsung qui investissent dans des artistes en créant une chanson entièrement dédiée à la promotion d’un produit, en payant la réalisation du clip. Mieux qu’un simple spot publicitaire, l’entreprise imprègne totalement l’univers culturel des consommateurs ciblés. Ci-dessous, l’artiste Jang Geun-Suk chante pour Samsung.
En parallèle, la majeure partie du partage d’informations est mise en place via les réseaux sociaux des maisons de disque mais surtout des artistes eux-mêmes qui interagissent directement à travers des plateformes internet telles que Cyworld, Weibo, ou aujourd’hui Twitter. L’information est également partagée en exclusivité via les applications sur Smartphones comme Cacaotalk.
La K-pop tire sa force du monde numérique. C’est par ce biais qu’elle s’internationalise non seulement en Asie mais également au-delà de ses frontières. Face à ce succès global, les artistes coréens entament des tournées mondiales. Ainsi, en février 2012, la tournée Music Bank a accueilli 15000 fans au Palais Omnisport de Paris Bercy. Les échanges et collaborations avec les artistes étrangers continuent aussi de se multiplier, notamment avec les Etats-Unis : le groupe Wonder girls fait la première partie des Jonas Brothers, la maison de disque Universal France signe le groupe Girls Generation afin d’assurer sa distribution.
Pourquoi cet engouement soudain en Europe ? Le parallèle est fait avec les groupes idoles des années 90 tels que les 2be3, les Worlds Apart ou encore les Spice Girls. Les fans sont plutôt constitués de jeunes qui, par l’adoration portée aux groupes, se découvrent une passion pour l’Asie.
La K-pop se veut donc également être un vecteur de diffusion de la culture coréenne. Mais la pop coréenne surfant sur l’effet de mode, elle peut avoir un effet contreproductif. En effet, on se trouve face à un paradoxe fort entre la modernité, revendiquée à travers la K-pop, et la tradition que porte la culture coréenne. Pour pallier à cette contradiction, le gouvernement coréen profite de l’expansion de la vague « Hallyu » pour installer l’intégralité de la culture coréenne dans le monde.
Mais l’avenir de la K-pop peut être remis en question. Comme il a été constaté vers la fin des années 90, la mode des groupes pop ne dure pas. Du fait d’un public jeune et donc changeant, la longévité d’un groupe est estimée en moyenne à 5 ans. Cependant, on observe que certains groupes de la K-pop ont pourtant su se renouveler et donc perdurer.
Ainsi, la Corée profite aujourd’hui de cette vague culturelle imposante par sa force et sa rapidité.
Voir la conférence présentée par l’équipe de Kachi to Korea :
Crédits photos : Orient-Extreme.net
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