
Pourquoi la Corée est-elle encore méconnue en France ?
Conférence par Pascal DAYEZ-BURGEON, auteur de l’essai « Les Coréens », lors du cycle de conférences « Culture et civilisation coréennes » permettant de découvrir quelques facettes emblématiques de la culture coréenne.
Sans en avoir conscience, notre quotidien s’imprègne de la Corée du Sud. Ce pays qui, après une terrible guerre contre la Corée du Nord, a su se redresser dignement et relever le défi de la reconstruction. En à peine 50 ans, la Corée du Sud est devenu un membre incontournable de la scène internationale et de nombreuses industries. Nous connaissons tous les marques Samsung et Hyundai, nous avons probablement déjà vu un film coréen ; souvenez-vous, « Old Boy » en 2004, « Locataires » en 2005, ou plus récemment, « Poetry » en 2010 nominé au Festival de Cannes. Pourtant, beaucoup de gens pensent encore ne pas connaître la culture coréenne, et la connaissent finalement sans la connaître.
Pascal Dayez-Burgeon, auteur de l’ouvrage « Les Coréens », un essai sur la Corée contemporaine, s’intéresse à ce paradoxe et propose deux théories.
Selon la première, la Corée est cachée par quatre paravents qui l’empêchent d’être reconnue. L’un d’entre eux est historique. On sait aujourd’hui que l’Asie se développe à une très grande vitesse. Mais dans ce développement, le monde ne voit que la Chine et la Japon. Ces deux-là même ne semblent pas considérer la Corée du Sud comme une puissance. L’Hallyu, la grande vague coréenne de l’entertainment, déferle pourtant sur toute l’Asie et, progressivement, étant la culture coréenne dans le monde. Le poids historique est si fort que même la situation en Corée du Nord interfère toujours. Et pour cause, l’intérêt des médias ne réside pas dans le bien-être d’un pays mais bien dans des événements extravagants, choquants et sortant du quotidien des lecteurs. Autre paravent, géographique, réside dans la confusion avec le Vietnam (accentué au cinéma avec le film « Mash » de Robert Altman).
Mais avant tout, la Corée du Sud semble être un paravent pour elle-même. La volonté des coréens à vouloir faire plaisir camoufle involontairement les vraies habitudes coréennes, la véritable culture coréenne. Les exemples représentatifs donnés par Pascal D-B. concernent le cinéma coréen exporté dans le monde et les chaebols, conglomérat d’entreprises telles que Samsung. Dans ces deux industries, la réalité coréenne est volontairement mise de côté ou présentée différemment de façon à toucher un plus grand nombre de personnes dans le monde.
Mais la Corée du Sud, c’est aussi l’image que l’on se créé, les clichés que l’on se fabrique. Cette théorie des miroirs suggère quatre séries de clichés :
– Premier cliché, la Corée est impénétrable et mystérieuse. Elle confucéenne, indéchiffrable. Dans les faits, nombre de coréens se disent athées. Quant à la langue, elle est la plus déchiffrable de toute l’Asie ;
– Second cliché, la Corée est exotique, c’est le « Pays du matin calme ». Cette expression aurait été inventée par Percival Lowell en 1880 ;
– Troisième cliché, la Corée est inhumaine. On entend en effet souvent parler de la pression que reçoivent les jeunes coréens pour réussir leurs études, des cours du soir largement conseillés mais aussi des suicides. Si les faits existent, ils restent néanmoins sur joués dans notre vision extérieure ;
– Quatrième cliché, la Corée est associée à la fraude. Durant de nombreuses années, des objets de contrefaçon coréens étaient vendus. Aujourd’hui, la fraude n’a plus lieu d’être et le gouvernement a renforcé ses lois pour l’interdire officiellement.
Dans ce blog, nous vous proposons de casser nos clichés sur la Corée et d’apprendre à la connaître, à la comprendre. Au programme, des événements, des rencontres, des lieux à découvrir.
Profitons de partager nos expériences de la Corée. Ceux qui l’ont visité, mais aussi ceux qui l’observent de loin.
Voir la conférence :
Photo : Crédits Centre Culturel Coréen.
Commentez l'article !