
Passionnée de culture coréenne et nouvelle contributrice de notre site, Ségolène est allée au concert de Kang San-Eh qui venait fêter ses 20 ans de carrière à Paris, le 5 décembre 2012 au Divan du Monde.
On ne le dira jamais assez, la musique coréenne ne se résume pas à des voix synthétisées entêtantes et des chorégraphies rigolotes. Pourtant, le rock coréen reste relativement méconnu malgré quelques noms bien installés (Seo Tae-ji, notamment). Et parmi ces rockeurs, on trouve Kang San-eh, de passage à Paris pour ses vingt ans de carrière. Nous avons assisté à son concert le 5 décembre, en ouverture de sa tournée européenne.
Le concert s’est tenu à guichet fermé. La salle, Le Divan du Monde, était donc comble et le public majoritairement coréen – la preuve de la confidentialité du rock du Matin Calme. Et dans une salle aussi réduite, bien voir la scène n’est pas chose aisée !
Après une première partie au son garage de qualité, Teleferik, Kang San-eh est monté sur scène seul, armé d’une simple guitare sèche. En ouverture, 그날 아침 [ku nal ach’im], qu’il reprend allègrement en français en fredonnant « Ce matin-là ». D’entrée de jeu, Kang San-eh montre à son public qu’il s’implique en parlant français autant que possible, même s’il considère que la prononciation est très difficile ! Il refuse d’ailleurs de s’exprimer en coréen lorsqu’une personne dans la salle le lui conseille.
L’interprète invite son guitariste, M. Oh, à le rejoindre pour le second morceau, 화초 [hwach’o]. Petite surprise : les paroles en français sont projetées directement sur la scène pour permettre au public ne parlant pas coréen d’en comprendre la teneur. Cela se poursuit avec le morceau suivant ~라구요 [raguyo]. Celui-ci, lourd de sens, parle d’une famille coréenne incapable de revenir sur la terre de ses ancêtres. La famille de Kang San-eh a subi l’annexion japonaise, la guerre de Corée et la séparation ; cette chanson est donc une occasion en or pour l’artiste de raconter l’histoire de sa mère, qui, suite à son mariage dans le Nord de la Corée unifiée, a fui au Sud lors de la guerre. Elle s’est ensuite mariée au père du chanteur mais n’a jamais pu retourner dans le Nord, dont la visite est toujours majoritairement interdite aux Coréens du Sud.
Les musiciens montent sur scène à tour de rôle pour constituer une formation complète : guitare, basse, batterie, clavier. Quant au chanteur, il s’affuble d’un harmonica dès le quatrième morceau, aux forts accents folk. S’ensuivent des chansons plus entraînantes et, surtout, au contenu plus léger. La voix puissante de Kang San-eh invite à plusieurs reprises le public à chanter à son tour dans un jeu de scène assez classique mais toujours efficace. Entre les morceaux, il s’assure que le public apprécie toujours sa prestation à coups de « ça va ? », suivis de « I’m very ça va » prouvant qu’il est aussi heureux d’être là. Du funk au progressif en passant par des rythmes rappelant la synthpop, sa musique couvre un panel large couvrant aussi la chanson vers la fin du set avec les morceaux 선 [seon], un rejet fort de la séparation entre les Corées, 깨어나 [kkaeeona], un morceau très léger lors duquel l’artiste incite encore l’audience à chanter avec lui… Puis le rideau tombe, alors que le public réclame un bis. Les musiciens cèdent et remontent sur scène pour deux morceaux aux accents pop avant de partir définitivement.
Le concert aura duré 2h30 environ, avec seulement 30 minutes de première partie. Pendant plus 1h30, la prestation de Kang San-eh n’a pas faibli : chantant, dansant, l’artiste a même cherché à se confier à son public en français autant que possible, ou en anglais entrecoupé d’onomatopées lorsque les termes lui étaient inconnus. Une belle prestation qu’on aimerait revoir, et l’occasion se présentera sûrement à nouveau, l’artiste ayant prévu de repasser par Paris l’an prochain. La Corée à Paris vous en dira plus très bientôt !
Plus d’informations sur son site officiel : http://www.kangsaneh.com/
Plus d’informations sur le site de Pas de Dieux : http://www.pasdedieux.com/KSE/KangSanEh-concert_index_en.html
Crédit photo à la une : © Cyril Zannettacci
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