
Le 4 septembre 2013, l’Asiathèque publiera la traduction en français d’un ouvrage remarquable de la littérature contemporaine coréenne : Je veux aller dans cette île.
« Tout le monde l’a oublié, et c’est pour cela que personne ne veut y croire, que personne ne veut plus s’en souvenir, mais cela reste la vérité. A une époque, nous avons tous été des étoiles. »
Ainsi commence le livre de Lim Chul-woo (임철우, Im Ch’ŏr’u), Je veux aller dans cette île (titre original : Geu seom-e gago sipta, 그 섬에 가고 싶다) publié par l’Asiatheque (Maison des langues du monde). L’auteur y exprime la vie éternelle des étoiles qui sont en vérité les hommes innombrables qui ont vécu un moment sur cette terre et en sont partis. Mais, il s’agit pour l’auteur de se souvenir de ces visages aujourd’hui vagues et flous, peignant ainsi des portraits de gens ordinaires et anonymes à qui il rend un très bel hommage dans ses récits, qui peuvent prendre parfois la tonalité du conte. Car là où résident toute la beauté et le charme de ses textes se trouve dans le regard de cet enfant, qui nous invite à un voyage dans l’île de Wando, de la région du Cholla, où Lim Chul-woo est né en 1954. Ses habitants sont comme des fenêtres par lesquelles l’auteur y trouve une constellation d’inspiration esthétique et poétique. Il y décrit la simplicité de leurs cœurs, la quotidienneté de leurs existences, et la sincérité de leurs sentiments.
Si Je veux aller dans cette île, a gagné le suffrage du public coréen (plus de 200 000 exemplaires vendus), c’est parce que les lecteurs ont bien senti que l’auteur parvenait à se libérer de ses drames enfouis, et que quelque chose se soulevait enfin. Cela avait déjà commencé en 1981, avec la nouvelle Kae toduk, « Voleur de chien », et s’était poursuivi deux ans plus tard, en 1983, avec « la Terre de mon père ». Ses textes très marqués par ses racines, comme « Sud regretté » en 1985 ou « la Chambre rouge » en 1988, ont sans nul doute été déterminants dans sa carrière littéraire, puisqu’ils font écho au drame de la guerre et au massacre de Kwangju où des Coréens militaires et des Coréens civils se sont affrontés. Des textes comme « Montagne rouge, Oiseau blanc » en 1990 ou la série de cinq volumes « Jour de printemps » en 1998, sont faits de ces drames historiques.
Avec Je veux aller dans cette île, il en va pourtant d’un univers où l’être humain se réconcilie avec lui-même, car ce livre est souvent très drôle et constamment touchant. Mais aussi, tout est vu par les yeux de cet enfant qui nous invite à transformer notre regard sur le monde :
« Cette nuit-là, les étoiles furent particulièrement nombreuses et claires, tchoktchok, tchoktchok… Un oiseau de nuit, dont j’ignorais le nom, ne cessa de pleurer quelque part dans la pinède de la montagne de derrière. Je restais couché à côté de Grand-mère, et soudain je vis vaciller devant mes yeux le visage souriant de Grand Frère Ch’il-song’i . »
L’auteur réussit aussi à exprimer de manière extrêmement attachante tout un monde de sensations, comme cette magnifique description de nature :
« Kum’og’i pointa son regard au loin, vers la mer. Il y avait du vent. L’odeur du sel, l’odeur des fraîches plantes marines, et aussi l’odeur douce de la terre et de la végétation, se mêlaient au vent qui passait par la mer et qui coupait à travers champ. Au loin, sur la ligne d’horizon, là où les petites et grandes îles n’en formaient plus qu’une, le ciel et la mer se rejoignaient et ondoyaient dans l’azur. Par-dessus la mer, les rais de soleil, métamorphosés en bancs de poissons volants, brillaient de tout l’éclat de leurs écailles éblouissantes. »
La postérité de l’œuvre de Lim s’exprime maintenant sous d’autres formes artistiques puisque, Je veux aller dans cette île, a été adapté au cinéma en 1994 par Park Kwang-su, célèbre réalisateur de la nouvelle vague coréenne, sous le titre de The Starry Island.
L’ouvrage paraîtra officiellement le 4 septembre 2013. Vous pouvez néanmoins en lire un extrait sur le site de l’Asiatheque : Lire l’extrait.
Auteur : Lim Chul-Woo
Auteur de préface : Patrick Maurus
Traducteur : Cho Soomi
Parution : 4 septembre 2013
Collection : Monde coréen – Littérature
Diffusion : PUF –
Distribution : UD
Prix : 22 €
Format : 13,5 x 21,5 cm
Nombre de pages : 304
isbn : 978-2-36057-045-4
Ouvrage publié avec le concours du LTI Korea.
1 Commentaire
Après avoir suivi le blog « la corée à Paris », il est plaisant de voir l’évolution de ce blog en « corée magazine », avec valeur ajoutée en qualité de reportages et sérieux du site.
Bravo !