
Le Festival de l’imaginaire, organisé par la Maison des cultures du monde, offre chaque année une semaine de découverte de la diversité culturelle du monde. Cette année, le chant Gagok s’est offert au public parisien.
Pour la 17ème édition du Festival de l’imaginaire, la Maison des Cultures du Monde a souhaité célébrer le 10ème anniversaire de la Convention de l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Patrimoine immatériel listé par la Convention dont le chant Gagok fait partie.
Le spectacle de chant Gagok eu lieu dans le Théâtre de l’Alliance Française au sein de l’établissement de la Maison des Cultures du Monde. Il fût interprété par Kim Young-Gi, dépositaire du patrimoine culturel immatériel n°30 de Corée : la pratique féminine du gagok.
Le gagok fait partie des chants lyrics de cour. Il est une forme vocale dérivée des chants populaires du royaume de Goryeo (Xème – XIVème siècle) et fût adopté par les haute classe de la dynastie Joseon (1392-1906). Le gagok est vocalement délicat et raffiné. Il se différentie des émotions fortes portées par les chants populaires et ne reste pas figé comme les chants classiques de cour. Il illustre parfaitement l’art des lettrés. Exquis, discret et pudique, mais aussi imaginatif et posé.
Le gagok est un chant hiératique, très solennel. Comme une sorte de récitation, les phrases s’étendent dans les sons et vivent au travers des modulations de la voix nuancée, voire saccadée entre tonalités graves (voix de poitrine – dite voix intérieure sokcheong) et voix de tête (dite voix fine seseong). Les nuances sont embellies par l’ochestre de tambours (Janggu), cithares (geomungo, gayageum), flûtes (daegeum), vièle (haegeum) ou encore hautbois (piri). Tous les instruments jouent la même mélodie mais de façon différente. Chacun applique un mode de rubato. Ainsi, les notes sont les mêmes mais ne sont pas jouées au même moment.
Le répertoire du gagok comprend vingt-sept chants différentiés selon le sexe de l’interprète, la performance. Par exemple, le cycle de gagok pour un seul homme contient 24 chants tandis que celui de la femme seule, appelé yeochang, en a 15.
Chaque poème comprend trois vers ou distiques, chacun se composant de quarte groupes de trois à cinq syllabes. La musique d’accompagnement ne suit pas le poème à la lettre. En effet, cette dernière est divisée en cinq parties mélodiques, rythmées par des parenthèses instrumentalres.
Ainsi, le spectacle d’une heure trente nous apaise et nous emmène dans un univers délicat et spirituel, bordé d’amour, de gloire et de paix. Il nous a été offert par des interprètes de choix étendus sur trois générations, témoignage d’une transmission rare du patrimoine. La chanteuse Kim Young-Gi et la joueuse de cithare Lee Jae-Hwa sont toutes deux des « trésors vivants » car dépositaires du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Sa Jae-Sung au tambour janggu est lui considéré comme le meilleur percussionniste de musique de cour et de gagok. Lee Chang-Woo, à la flûte, est directeur musical de l’orchestre du Centre national de musique traditionnelle coréenne. Lee Gwang-Ho (hautbois) et Kim Dae-Yoon complètent l’ensemble. Ce dernière est un chanteur particulièrement prometteur de gagok et n’est âgé que de 19 ans.
Après un spectacle envôutant, le Centre Culturel Coréen partenaire de l’événement offre un buffet convivial permettant à chacun d’échanger leurs impressions, mais surtout de rencontrer les musiciens.
L’événement fût également l’occasion d’une signature importante. La signature d’un partenariat entre la Maison des Cultures du Monde et The Arts Council Korea pour favoriser la mise en avant de la culture et des arts traditionnels coréens.
Programme du 30 mai 2013 :
- Ouverture : Ujo Eonrak, pièce du répertroire de gagok pour homme par Kim Dae-Yoon
- Répertoire de gagok pour femme par Kim Young-Gi
- « Beodeuleun » – mode ujo, style Isudaeyeop
- « Kkumewatdeun » – mode ujo, style Pyeonggeo
- « Ilgaki » – mode ujo, style Dugeo
- « Namhayeo » – modes ujo et gyemyeonjo, styles Ban-U, Ban-Gye Banyeop
- Interlude instrumental : Geomungo dodeuri par Lee Jae-Hwa
- Répertoire de gagok pour femme par Kim Young-Gi
- « Sanchone » – mode gyemyeonjo, style Junggeo
- « Seonweoli » – mode gyemyeonjo, style Dugeo
- « Buduchilseong » – mode gyemyeonjo, style Pyeongrong
- « Taepyeongga » – mode gyemyeonjo, style Taepyeongga
Programme du 1er juin 2013 :
- Ouverture : Ujo Soyon, pièce du répertoire de gagok pour homme par Kim Dae-Yoon
- Répertoire de gagok pour femme par Kim Young-Gi
- « Cheongjoya » – mode ujo, style Junggeo
- « Barameun » – mode ujo, style Urak
- « Apnaena » – modes ujo et gyemyeonjo, styles Ban-U, Ban-Gye Hwangyerak
- Interlude instrumental : Solo de daegeum par Lee Chang-Wo
- Répertoire de gagok pour femme par Kim Young-Gi
- « Eonyaki » – mode gyemyeonjo, style Isudaeyeop
- « Chogang Eeobudeula » – mode gyemyeonjo, style Gyerak
- « Moraneun » – mode gyemyeonjo, style Pyeonsudaeyeop
- « Taepyeongga » – mode gyemyeonjo, style Taepyeongga
Crédits photo Image à la Une : © Maison des Cultures du Monde
Crédits photos : © Corée Magazine
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