
Pour mieux comprendre le phénomène KPop, ou du moins une partie, nous avons rencontré Groove Chan, chorégraphe et professeur de danse au sein de la JYP Entertainment.
Quand nous parlons de Kpop, il nous vient à l’esprit deux mots : Boysband et Chorégraphie. Face au pouvoir des pas, s’affranchant de la barrière de la langue, la danse permet de toucher et de séduire plus de monde. Avec la combinaison du média Youtube et du marketing viral, sans oublier les formations poussées par les maisons de production, la musique Kpop a pu se développer et s’étendre plus rapidement que d’autres musiques pop. Et pour cause, il est plus facile de trouver des « Dance Practices » des idoles coréens que d’artistes américains.
Mais qui sont ces chorégraphes dans l’ombre de ces idoles ? Rendez-vous était donné dans le célèvre quartier de Hongdae avec Groove Chan, chorégraphe et professeur de danse au sein de la JYP Entertainment, (célèbre maison de production coréenne dont sont issus les groupes Wonder Girls, Bi Rain, 2PM, Miss A ou encore Got7).
Corée Magazine (CM.). Vous travaillez au sein de l’une des plus célèbres maisons de production coréenne. Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel ?
Groove Chan (GC.). En une journée, je mène plusieurs vies. Je suis professeur de danse Hip-Hop au sein de la Seoul Hoseo « HanLim » (lycée et université). Je suis aussi professeur de danse au sein de l’académie Letz Dance, scénographe au sein du groupe Art Mouvement dont je suis aussi membre. Et enfin, je suis professeur de danse à la JYP Entertainment.
CM. Quel programme ! Le plus important est d’aimer ce que l’on fait. D’ailleurs, quel a été l’élément décisif dans votre vie pour choisir de devenir professeur de danse ?
GC. Plus qu’un déclic, cela s’est fait tout naturellement. Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours aimé danser ; et au fur et à mesure, je me suis passionné pour la danse Hip-Hop dans sa globalité : Street, Breakdance, Popping etc. Pour devenir professeur de danse, il est essentiel de savoir danser, bien entendu, mais il faut aussi et surtout aimer enseigner. Le plus dur est de savoir vivre de sa passion.
CM. Le fait de travailler pour la JYP Entertainment doit certainement vous aider. Comment avez-vous été amené à travailler pour eux ?
GC. C’est l’occasion qui s’est présentée. Un de mes amis, Funky Lia, m’avait informé que la JYP faisait une audition pour recruter un nouveau professeur de danse et chorégraphe pour ses nouveaux groupes. Sans hésiter et comme toute personne qui nécessite de travailler pour gagner sa vie, j’ai postulé. Cela n’a pas été simple car Park Jin-Young est exigeant et pointilleux. Mais il faut croire que j’y suis arrivée [rire].
CM. Quand la JYP Entertainment vous a annoncé que vous aviez été choisi, qu’avez-vous ressenti ?
GC. De la satisfaction, de la fierté mais aussi de la joie. Comme vous l’avez dit, la JYP Entertainment est célèbre en Corée. C’est une très belle carte de visite pour mon évolution de carrière et mon projet de vie. Mon intégration au sein de cette société me permet d’acquérir une notoriété et une certaine reconnaissance sur le marché comme étant un bon coach et professeur de danse.
CM. Quels ont été vos créations chorégraphiques au sein de la JYP ? Avec quels artistes avez-vous eu l’occasion de travailler ?
GC. En tant que scénographe, j’ai assuré les chorégraphies et prestations scéniques de Luna -membre du groupe f(x)- lors de ces passages à l’émission Immortal Song (불후의명곡2). J’ai aussi été le professeur de danse pour les artistes de l’émission KPop Star 2 ainsi que pour le groupe montant GOT7 tout en assurant leur entraînement.
CM. Chorégraphe mais avant tout professeur. Avez-vous une préférence ?
GC. Personnellement, j’aime créer des chorégraphies, mais je préfère travailler comme professeur de danse. Je trouve plus de satisfaction à entraîner et transmettre aux jeunes ma passion pour le Hip-Hop en étant professeur qu’en étant chorégraphe. Il y a une vrai complicité et réciprocité avec mes élèves. J’adore enseigner.
CM. Avez-vous un style Hip-Hop de prédilection ?
GC. J’aime et je peux danser sur tous les styles de musique Hip-Hop. Je ne souhaite pas me mettre de barrière et m’enfermer dans un style particulier. J’apprécie mélanger les styles. D’ailleurs, c’est ce qui rend la chorégraphie plus impactante.
CM. Avez-vous participé à des concours de danse ?
GC. Oui bien sûr ! C’est ainsi que l’on se construit, que l’on découvre ses faiblesses, etc. Il m’est aussi arrivé d’être jury. Avec mon groupe, je participe à beaucoup de compétitions en Corée du Sud. D’ailleurs, il y a des compétitions de Hip-Hop à Hongdae (ndlr. quartier de Séoul). Les « Battles » ne se passent pas forcement dans la rue mais plutôt dans certains clubs de ce quartier.
CM. Intéressant mais aussi challenging. Les coréens sont connus dans l’univers Hip-Hop comme étant de bon B-Boys. Avez-vous eu l’occasion de participer à des compétitions à l’étranger ?
GC. Oui, il y a longtemps [rire]. En 2009, j’ai participé au concours « Just Debout » à Paris. J’ai rencontré de nombreux groupes de nationalités différentes. J’ai d’ailleurs eu l’occasion de sympathiser avec des groupes français comme la team Legion X, la team Salass ainsi que la team Niako ! Ce fut une belle expérience, très enrichissante. Si l’occasion venait à se présenter, je participerai bien à nouveau.
CM. Très souvent, les artistes sont entourés de danseurs que l’on nomme les « Back Dancers ». Avez-vous été « Back Dancer » ?
GC. Oui. C’est une expérience. Je pense qu’il ne faut pas dénigrer ces danseurs de l’ombre. Grâce à eux, la prestation scénique des artistes est plus vivante et plus émotionnelle. Et puis, cela fait aussi parti du jeu. Certains ont commencé ainsi avant de devenir eux-mêmes des artistes.
CM. Vous avez eu la chance de côtoyer des célébrités sous un autre angle. Quel a été votre appréhension ?
GC. Vous savez, une fois que nous rentrons dans la salle d’entraînement, il n’y a plus de statut. Je deviens leur professeur et eux mes élèves. La relation se passe donc bien. Je suis considéré et c’est ce qui m’importe le plus. Ils ne font pas de crise. Ils sont là pour apprendre les chorégraphies, s’entraîner et améliorer leur danse. Cela fait partie de leur métier et c’est aussi ce qu’on leur demande ! Ce sont des êtres humains avant d’être des célébrités.
CM. Le fait de travailler dans une grande structure doit certainement être différent surtout quand il s’agît «d’idoles ». Avez-vous été obligé d’adapter votre enseignement ?
GC. Oui, en effet. Même si la base est la même, il existe quelques différences dans la manière d’enseigner. Par exemple, il faut faire des comptes rendus à la fin de chaque mois. Le but étant de noter les points positifs et négatifs mais aussi l’évolution et les améliorations des élèves. Cela ne me correspondait pas du tout. Autre point, l’objectif des idoles est paradoxalement différent de celui de mes élèves. La compétition est rude entre eux et le perfectionnisme est un point crucial.
CM. Actuellement, il n’est pas rare d’entendre que telle maison de production utilise les services de chorégraphes étrangers. Avez-vous eu l’occasion de collaborer avec des chorégraphes célèbres ?
GC. Lorsque je travaillais pour la JYP, je n’ai pas eu cette chance. Park Jin-Young (JYP) aime travailler exclusivement avec son propre chorégraphe. Il n’aime pas faire appel à d’autres chorégraphes comme le font certaines autres maisons. Il veut garder son propre style, sa marque de fabrique. D’ailleurs, quand vous regardez les « dance pratices » ou les prestations live des artistes Kpop, il est aisé de reconnaître leur appartenance, et plus particulièrement ceux qui viennent de la JYP. Le style est typique.
CM. Il est vrai que nous reconnaissons bien les chorégraphies issues de la JYP. Que pensez-vous des styles des autres maisons de production ?
GC. Hum… Il est vrai qu’au début, les styles chorégraphiques étaient bien différents. Maintenant avec l’introduction de chorégraphes étrangers, j’ai cette sensation que les styles se ressemblent presque. En ce qui concerne la YG, par exemple, je dirais qu’il y a plus de « mouvement lifestyle ». Pour les autres, cela vire plus dans le « urban hip-hop ».
CM. Un nouvel label, spécialisé dans le hip-hop coréen et dirigé par Jay Park, a fait son apparition. Que pensez-vous de la team AOMG ?
GC. En toute honnêteté, je me sens différent de ce que fait AOMG. Cependant, j’apprécie la manière dont il promeut sa team. Ils dansent très bien ! En dehors d’AOMG, j’échange beaucoup plus avec la team Prepix.
CM. Vous parliez tout à l’heure que vous n’aviez pas de style préférentiel. Lors de la création de vos chorégraphies, qu’est-ce qui vous inspire ?
GC. Les films, mais aussi les musiques sont principalement mes sources d’inspiration. Les paroles me permettent de dessiner les pas.
CM. Au vu de votre parcours professionnel bien rempli, comment se déroule votre semaine type ?
GC. Je divise mes journées en 2. Le matin, je donne mes cours au lycée et à l’université. Ensuite, l’après-midi est un peu plus chargé. J’enchaîne des cours à l’académie de danse ou à la JYP (selon les plannings). Je donne aussi des cours pour ceux qui prennent l’option danse pour rentrer à l’université. Et enfin, le soir, je danse avec mon groupe et créer les futures chorégraphies pour ma « crew » !
Merci beaucoup Groove Chan de nous avoir accordé du temps pour faire cet interview ainsi que nous avoir fait partager votre rythme de vie et votre passion.
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Dernière création: B.I.G(비아이지) – Between Night n Music
Crédits photos : ©Corée Magazine
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