
Depuis de nombreuses années, le Festival International du Film de Busan accueille le meilleur du cinéma asiatique et étranger. 2013 fut à nouveau l’occasion de belles découvertes avec pas moins de 299 films en provenance de 70 pays ! Rhee Soue-won, membre du Comité de sélection, nous fait découvrir ce festival et les relations cinématographiques franco-coréennes dans une interview exclusive.
Bonjour RHEE Soue-Won, merci beaucoup de nous accorder cette interview. Pouvez-vous nous expliquer votre rôle au sein du Festival International du Film de Busan (BIFF) ?
Je suis membre du Comité de Sélection et m’occupe de la sélection des films non asiatiques venant d’Europe, d’Amérique latine et d’Afrique.
L’édition 2013 du BIFF fut encore une réussite, mettant cette fois en avant les jeunes réalisateurs asiatiques. Pouvez-vous nous expliquer les raisons de ce choix ?
Le BIFF est le festival le plus dynamique en Asie. Sa mission principale a toujours été de promouvoir le cinéma asiatique et de découvrir les nouveaux talents de la région. L’Asian Film Academy (AFA), lancé en 2005 dans ce but, a commencé à porter ses fruits depuis quelques années, et on constate aujourd’hui que de plus en plus de jeunes réalisateurs présentent des films intéressants dans la région.
Les relations cinématographiques entre la France et la Corée semblent particulièrement fortes. À ce titre, des personnalités françaises de référence ont été invitées au BIFF ; nous pensons notamment à Charles Tesson, délégué général de la Semaine de la critique du Festival de Cannes, ou encore Juliette Binoche il y a quelques années. Qu’apporte le regard français dans un festival comme le vôtre ?
La France réprésente le berceau du cinéma et possède une politique de soutien très forte au septième art. Le festival de Cannes, Festival Cinématographique le plus important dans le monde, a également lieu dans ce pays. Nous savons que les Français aiment la diversité des films et qu’ils ont très tôt reconnus les valeurs du cinéma asiatique. Ainsi, les personnalités du cinéma français ont soutenu Busan depuis ses premières éditions. En plus de Charles Tesson ou Juliette Binoche, nous pouvons également nommer Thierry Frémaux, Jean Moreau, Claire Denis, Luc Besson ou encore Isabelle Huppert. Aussi, les hauts responsables de la chaîne Arte viennent chaque année à Busan. Ils viennent voir l’état actuel du cinéma coréen et asiatique pour le refléter à leur retour dans le domaine où ils travaillent. Avec leur visite, nous pouvons connaître le niveau ou le genre de films recherchés actuellement en Europe. C’est un échange fructueux des deux côtés.
Vous connaissez bien le cinéma français, et vous avez d’ailleurs fait des études de cinéma à Paris. Pouvez-vous nous expliquer ce choix français ?
Pour les Coréens qui envisagent de faire des études cinématographiques, la France et les Etats-Unis se présentent généralement comme les choix les plus prometteurs. Cela me paraît d’ailleurs normal puisque les deux pays ont été les plus importants, sous plusieurs angles, dans l’histoire du septième art. Quant à moi, j’avais une licence de littérature française et m’intéressait à la recherche, ce qui m’a amené à opter pour la France, traditionnellement forte dans ce domaine.
De nombreux coréens viennent en France pour faire des études de musique ou de cinéma. Quels conseils souhaiteriez-vous leur donner pour faire de cette expérience française un véritable atout ?
La France possède un patrimoine culturel et intellectuel très riche. Les études doivent bien entendu être la préoccupation principale des étudiants mais ce serait regrettable de ne pas profiter de diverses occasions pour élargir leur champ de vision. Avec le recul, je remarque que les années passées à Paris m’ont énormément aidé à m’ouvrir l’esprit. L’exposition aux traditions littéraires et philosophiques françaises rend possible un autre point de vue sur la vie et le monde.
Le public coréen a-t-il un goût particulier pour le cinéma français ?
Les films français sont les plus populaires des films européens. La sortie générale de ceux-là est aussi relativement importante par rapport aux films venus d’autres pays européens. Le cinéma français a une image particulière qui proviendrait de l’image de la France même ; pays de l’art, de la beauté et de l’amour. Les films français sont aussi réputés pour être un peu difficile à comprendre, mais digne de voir. Le côté romantique est également attendu par le public coréen.
Quelles évolutions voyez-vous dans les relations franco-coréennes ? A l’image du film « In another Country » de Hong Sang-Soo, pensez-vous que les collaborations franco-coréennes seront amenées à se développer ?
Sur le plan des festivals et de la recherche, je pense que les échanges entre les deux pays sont déjà très riches. En termes de co-production, il y a encore du chemin à parcourir malgré des progrès indéniables. Le cas de « In Another Country » me semble plutôt exceptionnel et je ne sais pas s’il s’agit d’une vraie co-production. Il reste pourtant vrai que le cinéma coréen s’exporte de plus en plus et s’attire de ce fait des ressources physiques et humaines de l’étranger. Diverses institutions françaises s’intéressent par exemple aux réalisateurs et films coréens en termes d’investissement et d’achat. Pour moi, l’important est de continuer à respecter et soutenir le cinéma en tant qu’art, pas seulement en tant que culture.
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