
Séoul, Octobre 2014. Nous rencontrons Shim Hyun-Jung, compositrice du célèbre film « Old Boy », de Park Chan-Wook.
Récompensé à maintes reprises, le film « Old Boy » compte parmi les incontournables du cinéma coréen moderne, dont les aspects violents et poétiques sont le plus souvent montrés à l’international. Au succès de ce film, la bande originale, signée Hyun-Jung SHIM, a fortement participé. Ainsi, la célèbre partition « The Last Waltz » a reçu de nombreux prix et permis à la musique coréenne d’être reconnue pour ses nouvelles saveurs. La compositrice est également connue pour ses compositions récentes pour « A Werewolf Boy » (늑대소년, de Jo Sung-hee), « The Man From Nowhere » (아저씨, de Lee Jeong-beom), « Tears of the Earth » (지구의 눈물, série de documentaires de la MBC) et plus récemment « The Five » (더 파이브, de Jeong Yeon-sik).
Corée Magazine (CM.). Mme SHIM Hyun-Jung, vous êtes depuis quelques années maintenant compositrice pour l’industrie cinématographique. Pourquoi avez-vous décidé de vous spécialiser dans la composition de musique pour le cinema ?
SHIM Hyun-Jun (SHJ.). Composer des musiques de films était pour moi le meilleur compromis pour que les gens puissent s’assoir et écouter ma musique sans s’ennuyer. Pendant mes cours de musique de film à l’école, je me suis découverte une facilité et un intérêt pour ce qui est d’écrire de la musique pour le cinema, avec une histoire. J’étais également fascinée de trouver des détails à l’écran et d’y ajouter des sons spécifiques que je créais par ailleurs. J’apprécie également la collaboration qui se créée entre les différentes formes d’art.
CM. Pourquoi avoir choisi la ville de New-York pour poursuivre vos études dans cette spécialité ?
SHJ. J’ai choisi New-York car cette une ville qui attire toutes les populations et toutes les cultures avec beaucoup de diversité et d’harmonie ; ce qui me plaisait beaucoup.
CM. De nombreux jeunes coréens choisissent d’étudier la musique ou le cinema dans des pays étrangers, dont la France. Quel serait votre conseil pour ces jeunes étudiants ?
SHJ. Mon conseil serait le suivant : expérimentez et apprenez beaucoup, et trouvez votre « moi intérieur ».
CM. Quelle est la différence principale entre composer la musique et composer la musique de films ?
SHJ. La grande différence entre les deux est l’objectif. La musique de film est faite pour soutenir l’histoire du film ou l’invention du réalisateur. Cette musique est donc entièrement dédiée et restreinte au film. Mais les concerts de musique sont quant à eux faits pour créer un langage propre au compositeur, sur la base de sa propre philosophie.
CM. Bien plus que des films et documentaires (ndlr. « Tears of The Earth » dans lequel Hyun Bin participait à la narration), vous travaillez également sur des performances artistiques. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
SHJ. Composer pour l’écran est aujourd’hui un instinct naturel pour moi. Mais composer de la musique pour des performances artistiques me demandent une importante source d’efforts et de temps pour réfléchir. Je me revois encore écrire de la musique pour un concert après une très longue période, et il était difficile de composer un morceau d’une durée plus longue que 40 secondes. C’était vraiment très difficile car le processus d’écriture est différent. Mais je pense que ce type de travail m’aide à continuer à étudier et à trouver des choses que je souhaite partager avec les gens.
CM. Le film « Old Boy » est celui qui vous a apporté énormément de succès dans la musique autant que dans l’industrie cinématographique. Cela fait quelques années déjà, mais pouvez-vous nous dire comment vous avez réagi face à ce succès ?
SHJ. Cela fait 10 ans maintenant et j’étais totalement submergée par ce miracle. Les gens pouvaient partager la même chose et j’ai ressenti beaucoup de joie pour mon travail. C’était une expérience incroyablement étrange pour moi. C’était fantastique et j’en suis très reconnaissante.
CM. Au-delà des grandes productions coréennes tells que “The Man from Nowhere” ou “A werewolf boy”, vous avez également travaillé sur un projet très intéressant : “Koan of Spring”. Pouvez-vous nous parler de ce projet ? Comment en êtes-vous venue à travailler sur ce projet et qu’avez-vous aimé ?
SHJ. Un ami journaliste français m’a présenté Marc-Olivier Louveau, le réalisateur du film “Koan of Spring” lors du Festival International du Film de Busan, en Corée. Marco m’a invité au European Spritual Film Festival en tant que jury en 2009, quand il était directeur du festival. Nous avions tous les deux en commun l’intérêt pour le bouddhisme et les différences entre les cultures asiatiques. Il a cette aisance à raconter des histoires avec la beauté de la philosophie asiatique. Son film, “Koan of spring”, est une histoire vietnamienne basée sur sa propre expérience de vie dans ce pays pendant quelques années. J’ai aussi visité le Vietnam et y ait trouvé une forme d’attraction que j’ai tenté de retranscrire musicalement dans le film. C’était un travail merveilleux.
(ndlr. Certaines scènes du film « Koan of spring », dont l’histoire se déroule au Vietnam, ont en réalité été tournées en France.)
CM. Plus récemment, vous avez travaillé sur le film « Hot Young Bloods » de Lee Yeon Woo, qui se déroule en Corée vers la fin des années 80. Comment avez-vous travaillé pour ce projet ? Y avait-il quelques spécificités liées à cette période en Corée ?
SHJ. J’ai beaucoup aimé travailler sur ce film, notamment parce que j’ai passé mes années d’école dans les années 80, comme dans le film où les fonds culturel et historique prennent place.
Les cultures en Corée ont changé très rapidement ces dernières décennies. Ce film est une façon idéale de lier les différentes générations comme les grands-parents avec les adolescents, notamment en mettant de jeunes stars coréennes en tête d’affiche, telles que Lee Jong-Suk et Park Bo-Young. Et c’est également très rare pour moi de travailler sur un film drôle et attendrissant, contrairement à la plupart des films sur lesquels j’ai pu travailler avant. J’y ai donc pris beaucoup de plaisir.
CM. Quels sont vos projets pour cette fin d’année 2014 ?
SHJ. Je travaille actuellement sur le remake d’un film américain, “Woman of Straw” (은밀한 유혹), lui-même adapté du roman français « La femme de Paille ». Le film est interprété part IM Soo-Jung, YOO Yen-Seok, et sortira au début de l’année 2015. (ndlr. Le film se nomme « Secret Temptation » ou « Perfect Proposal » et est réalisé par Yoon Jae-goo.)
CM. Avec votre carrière et la diversité des projets sur lesquels vous travaillez, vers quels types de projets souhaitez-vous vous diriger ?
SHJ. J’espère élargir mon champs de travail tant qu’il est possible vers des projets internationaux afin de rencontrer diverses personnes et cultures. J’ai d’ailleurs été enchantée de vous rencontrer !
Découvrez également la bande originale du film « A Werewolf Boy » !
Tous nos remerciements à SHIM Hyun-Jung pour son temps et sa gentillesse.
Crédits photos : © Corée Magazine
Commentez l'article !