
Au « Paris International Film Festival », trois films de science-fiction coréens étaient présentés. Le film « Doomsday book » a retenu notre attention. Trois courts métrages, deux réalisateurs, un grand film !
Nous ne le dirons jamais assez, le cinéma coréen est aussi savoureux, délicat et pimenté que sa cuisine. Pourtant, les films coréens peinent à être reconnus à leur juste valeur, que ce soit en Corée ou dans le monde. Entendons-nous bien ! Le cinéma coréen est reconnu dans le monde, de nombreux films sont nominés dans des festivals prestigieux. Mais ils ne présentent qu’une vitrine du large panel de saveurs de la cinématographie coréenne.
Heureusement que de grands passionnés sont là pour nous éduquer. Au « Paris International Film Festival », trois films de science-fiction coréens étaient présentés. « Doomsday book » a retenu notre attention. Trois courts métrages, deux réalisateurs, un grand film !
Produit en 2012 en Corée du Sud après cinq années de stand-by, « Doomsday Book » voit enfin le jour et parcours le monde avec succès. Le film suggère trois fins du monde, toutes provoquées par l’homme lui-même. Finalement, des phobies contemporaines insufflées par notre propre évolution. Mais nous sommes bien loin des fins du monde Hollywoodiennes. Car « Doomsday Book » est d’un réalisme saisissant.
Le film commence fort, et avec humour, dans le premier court métrage, « A cool New World », réalisé par YIM Pil-Sung. Un jeune homme sort de son service militaire. Il est responsable et profondément gentil, mais tyrannisé par sa famille qui le laisse seul dans la maison familiale avec un nombre interminable de tâches ménagères à accomplir. Qui aurait imaginé que la pomme complètement pourrie jetée via le tri sélectif se retrouverait dans la nourriture du bétail mangé par le jeune homme lui-même lors de son premier rendez-vous amoureux ? Voici un virus alimentaire qui mettra la ville de Séoul sens dessus-dessous. Fièvres, malaises, crises de colère, folies, troubles sensoriels. Le virus est évolutif et ses effets particulièrement bien restitués.
Le film de zombies, revisité dans le style coréen, est absolument divin. Si ce n’était que ça ! Les dialogues reflètent autant la société moderne en générale que la société coréenne en particulier. Toutes les critiques inhérentes au genre « zombie » sont bien sûr représentées, mais ici, l’oppression du cadre familial traditionnel, l’évolution de l’homme après son service militaire sont également bien présentes. Ce qui est beau, c’est que l’innocence de l’amour à la coréenne triomphe toujours, même quand on est un zombie.
Le second court métrage est le plus magnifique et dérangeant des trois. Dans « Heavenly Creature », Kim Jee-Woon nous suggère un questionnement théologique accessible et d’une grande qualité. Les dialogues sont intelligents, le contexte cohérent, et les images d’une beauté quasi religieuse. Cette dernière pourrait presque représenter l’âme du personnage principal, s’il n’était pas un robot. L’histoire se déroule dans un futur relativement proche, où hommes et robots cohabitent. Dans un temple bouddhiste, resté très traditionnel, on emploi des robots pour faire les tâches jugées inutiles, telle que la comptabilité. Un jour, un technicien est appelé pour vérifier que l’un des robots du temple n’est pas défaillant. En effet, ce dernier peut désormais penser par lui-même.
La question du robot intelligent n’est pas nouvelle, mais la façon dont elle est déroulée dans ce court métrage est magnifique.
Le troisième et dernier court métrage, « Happy Birthday », nous dépeint la menace spatiale avec une agréable légèreté. Tout commence quand une petite fille perd la boule de bowling préférée de son père. Pour rattraper son erreur sans que ses parents ne s’en aperçoivent, elle commande une boule de bowling similaire sur un site Internet. Sans le savoir, elle va provoquer la fin de notre monde moderne. Quelques temps plus tard, les scientifiques découvrent une météorite qui se dirige tout droit sur la terre. Entre les deux étapes de ce court métrage, c’est un trou noir qui relie les choses… on ne vous en dit pas plus !
Pour ceux qui aiment la science-fiction poussée à l’extrême, mais sans jamais s’éloigner de l’humour coréen, c’est un bon bol d’air frais ! Poussé à l’extrême ? Pas tant que ça si l’on suit l’actualité. On découvre aujourd’hui des trous noirs de 14km de largeur dans une galaxie proche de la nôtre alors que nous pensions qu’ils ne pouvaient pas dépasser les 0,1 km… Bon d’accord, ce dernier volet apocalyptique est au summum du genre fantastique mais ce que l’on peut retenir de tout ça, c’est que la fin du monde moderne peut s’avérer bonne et pas si apocalyptique que ça… pour ceux qui y survivent !
Et avant la fin du monde, voici notre conseil : Allez vite voir ce film !
http://www.pifff.fr/2012/film-33-doomsday-book-fr
Crédits photos : © Paris International Fantastic Film Festival (PIFFF)
1 Commentaire
Effectivement, les commentaires suscitent l’envie d’aller voir le film ; les scénarios ne sont pas si éloignés de ce qui pourrait arriver en réalité si on prend la peine de se poser la question