
En regardant un épisode de série télévisée ou un film coréen, vous avez sûrement déjà entendu des discussions autour des groupes sanguins sans en comprendre les raisons. Nous vous proposons donc une exploration de cette fameuse théorie relative aux types sanguins et son développement au fil des années. Et parce que la question du sang est une vraie question, nous avons choisi d’aborder ce deuxième sujet important et auquel on ne pense pas toujours, la question du don du sang ainsi que les démarches à effectuer en tant que résident.
Une interprétation asiatique des groupes sanguins
En Asie, tout particulièrement en Corée du Sud et au Japon mais aussi à Taïwan, chaque groupe sanguin peut représenter des traits de caractère, considérés plus ou moins positivement dans la société. A la fin des années 1920, cette théorie a vu le jour dans un contexte tout à fait particulier, celui de la montée du nazisme, et ses origines sont controversées. Il s’agissait à l’époque de promouvoir la supériorité de certains groupes « raciaux » sur d’autres groupes plus enclins à la soumission. En cherchant des raisons à cette suprématie, la théorie des groupes sanguins est apparue comme une réponse possible.
Cette piste a été reprise au Japon sous l’impulsion de chercheurs japonais tels que Takeji Furukawa. Il a émis l’hypothèse que les personnes de type A sont intelligentes et réfléchies contrairement aux personnes de type B, définies comme étant à l’opposé. Appelée, cette classification s’est davantage développée dans les années 1970 à la faveur des travaux de recherche d’un journaliste japonais, Masahiko Nomi. Il s’est intéressé à l’influence du groupe sanguin dans les relations avec les autres, dans le rapport au travail et aux passe-temps. Il a essayé d’orienter ses travaux en laissant de côté la dimension ethno-raciale présente quelques décennies auparavant.
Des représentations populaires et présentes au quotidien
Alors que les preuves scientifiques manquent pour confirmer de tels propos, cette classification est passée dans les mœurs et rencontre un succès important en Corée du Sud depuis les années 1990. Appelé “A simple thinking about blood type” (혈액형에 관한 간단한 고찰 Hyeoraekyeonge gwanhan gandanhan gochal), ce webtoon créé en 2013 par Park Dong-sun aussi connu sous le pseudonyme de “Real Crazy Man” rencontre un franc succès. Ce webtoon met en scène des personnages censés correspondre aux différents groupes sanguins par leur caractère. L’artiste utilise la plateforme Naver pour publier un nouveau chapitre chaque semaine. Le webtoon a eu des répercussions jusqu’au Japon où il a été adapté en livre mais également en animé (quatre saisons pour l’instant). Les différents types sont illustrés et montrent les opinions communes relatives à chaque type. Le type AB, perçu comme rationnel et calculateur, est généralement considéré à part du fait de sa rareté. Les personnes de type O possèdent les capacités nécessaires pour gouverner, avec un fort sens des responsabilités vis-à-vis de personnes avec un statut inférieur. En regardant la liste des premiers ministres japonais depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’à 2014, on constate que 17 premiers ministres sur 31 sont de type O. Ils véhiculent l’image de personnes confiantes, optimistes et au caractère fort tout en étant pleines de doutes et imprévisibles.
Sorti en 2005, le film « My boyfriend is type B » met en scène les préjugés qui existent au regard des couples incompatibles. Ici, l’intrigue implique un jeune homme de type B, Young-bin, représentant à la fois la passion et l’irresponsabilité et une jeune fille de type A, Ha-mi, timide et réservée. Malgré les différences apparentes auxquelles ils sont confrontés, ils décident de passer outre et de persévérer. L’omniprésence de ces stéréotypes dans les séries télévisées ou dans les films contribue à alimenter la véracité de ces croyances mais aussi à les perpétuer. Manifestement, le sang occupe une présence importante dans la société coréenne. Qu’en est-il du don du sang ?
Les enjeux liés aux dons du sang
Contrairement au système français, les infrastructures sont gérées par la Croix Rouge depuis 1981. Le don du sang en Corée du Sud se retrouve face à un défi de taille : motiver la population à donner. La Croix Rouge organise des campagnes de don avec des affiches pour le moins attractives, faisant figurer des personnalités connues du petit écran ou des chanteurs.
La situation semble précaire. L’arrivée de l’hiver est souvent synonyme d’une baisse des dons. De ce fait, les réserves atteignent des niveaux particulièrement bas à cette période. En janvier 2016, le niveau est passé sous la barre des 5 jours de réserves, conduisant à une certaine inquiétude. Dans les cas où les réserves sont faibles, il est nécessaire de repenser les mesures à mettre en place : les patients admis aux urgences d’établissements de petite ou de moyenne taille doivent être redirigés vers des établissements universitaires ou plus importants pour bénéficier des soins adéquats. De plus, certains groupes sanguins et certains rhésus sont rares en Corée du Sud. Parmi la population, les rhésus négatifs comptent généralement pour moins de 0.5%. Pour une part aussi infime de la population, les établissements manquent d’approvisionnement. Le don des résidents étrangers s’impose comme une solution possible. Outre la question des réserves, le pourcentage plus élevé de rhésus négatif pour les personnes originaires d’un pays en dehors de l’Asie, d’Europe ou Amérique du Nord par exemple, permettrait de palier la rareté de certains types. Cependant, le don du sang en tant qu’étranger n’est pas une chose aisée.
Donner son sang en Corée du Sud quand on est étranger
Pour les étrangers souhaitant donner, plusieurs éléments sont à connaître. Les conditions de don du sang en Corée du Sud sont plus strictes. De ce fait, elles excluent un certain nombre de candidats potentiels et ce, malgré l’insuffisance des stocks. Le donneur doit avoir vécu en Corée du Sud pendant une période consécutive d’un an et être en possession de documents d’identification délivrés par le gouvernement coréen. De plus, la maîtrise du coréen est obligatoire. La procédure de don suit les mêmes étapes qu’en France. Un entretien avec le personnel médical a lieu au préalable afin de déterminer les possibles contre-indications. L’entretien est entièrement réalisé en coréen ce qui explique la nécessité pour les interlocuteurs d’échanger dans une même langue. Un dernier critère vient compliquer cette procédure. Certains pays d’Asie, tels que le Japon ou la Corée du Sud, accordent une importance particulière à l’épisode de vache folle qui a fortement touché l’Europe au cours des années 1990. A cet égard, les personnes ayant passé un ou plusieurs mois dans un pays européen entre 1980 et 1996 sont considérées comme des donneurs à risque en raison du temps d’incubation inconnu de la maladie de Creutzfeld-Jakob. Néanmoins, il semblerait que le Royaume-Uni représente un facteur de risque plus important que la France. Si vous êtes Français et que vous avez donné ou essayé de donner votre sang, n’hésitez pas à nous faire part de votre expérience.
Quelques références :
– Le site de la Croix Rouge coréenne : https://www.redcross.or.kr/eng/eng_activity/activity_blood_donoreligibility.do
– Le blog du dessinateur Park Dong-sun sur Naver : http://comic.naver.com/webtoon/list.nhn?titleId=316914
Crédits photo :
Image à la une – ©http://fpahs4400.tistory.com/75
Webtoon – ©http://comic.naver.com/webtoon/list.nhn?titleId=316914
Affiche du film – ©http://blog.aladin.co.kr/common/popup/printPopup/print_Paper.aspx?PaperId=643793
Affiche de la Croix Rouge –© https://sujuhwabo.wordpress.com/2011/11/19/super-junior-fx-blood-donation-campaign-youre-a-real-hero/#more-2046
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