
Malgré le retard français en termes d’infrastructures et d’innovations technologiques, les invités du France Korea eForum 2013 restent optimistes quant à son développement et s’accordent sur les bénéfices d’une collaboration France-Corée.
La conférence qui s’est déroulé le 17 mai à Issy-Les-Moulineaux a réuni les représentants de certains grands noms du paysage technologique et digital coréen d’une part avec la participation de Samsung, SK Telecom, Daewoo, Nexon et français d’autre part avec Alstom, Bouygues Immobilier, Veolia et Cap Digital. A l’initiative de Stener Consulting et de la FKCCI, elle put compter également l’honorable présence de Monsieur Lee Hye Min, Ambassadeur de la Corée en France, et Joong Ho Kim, Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Corée en France, entre autres.
La thématique fut soutenue par la signature (la seconde) le matin même du MoU, Memorandum of Understanding, entre la FKCCI (French Korean Chamber of Commerce & Industry) et le KBiz (Korea Federation of Small and Medium Business). Encouragé par Fleur Pellerin, Ministre déléguée aux PME, à l’Innovation et à l’Economie numérique, le MoU a pour objectif d’accroître les échanges commerciaux entre la France et la Corée avec une attention particulière portée aux développement des PME françaises et coréennes.

Cérémonie de Signature du MoU. Source : France Korea eForum
Suite à cette signature, le eForum fut aussi l’occasion d’encourager les Petites et Moyennes Entreprises françaises et coréennes à se rencontrer, investir et collaborer dans le cadre des accords de libre échange, encore insuffisants selon Monsieur l’Ambassadeur. Les échanges se sont articulés autour de trois grands axes, à savoir l’attractivité digitale de la France et de la Corée, la culture et le divertissement digital avant de s’intéresser à la smart city.
La France : à la traîne mais toujours pleine de charme
A en croire Benoît Gauthier, représentant de l’Ambassade de France en Corée, si la France a jadis été pionnière dans le développement d’applications numériques comme le Minitel ou l’ADSL par Alcatel[1], elle semble avoir manqué la digitalisation. D’un point à l’autre de la France, au sein même des grandes villes, la connexion Internet demeure aléatoire et le haut débit est encore inégalement réparti.
Pourtant, l’économie numérique[2] gagne du terrain et représente aujourd’hui 4% des emplois et 4% du PIB en France, soit 25% de la croissance à prévoir dans les années à venir. De même, la France serait aujourd’hui le numéro 1 mondial en termes de nombre de blogs par utilisateur, nombre de messages envoyés, et l’un des premiers quant au nombre d’heures passées en ligne.
Face à cette problématique d’envergure, sur fond de cohésion sociale et territoriale, deux solutions sont privilégiées : un fort investissement dans les réseaux très haut débit et le déploiement de la fibre optique à l’échelle nationale, à l’horizon 2020. Avec un budget colossal de 20 milliards d’euros, l’ambition est grande puisqu’il s’agira de remplacer l’ensemble du réseau cuivre prédominant sur le territoire, découpé en 3 zones d’interventions, sans distinction donc de rentabilité, dans le but également d’accroître la compétitivité des entreprises françaises. L’initiative publique sera couplée à l’investissement privé. A ce jour, le surcoût de l’installation demandé par les opérateurs privés pourrait en effrayer plus d’un. Un bémol donc à adresser en parallèle au déploiement de ce projet à travers notamment une régulation rigoureuse de l’État.
Le paysage digital français est en mouvement, encouragé par des efforts à la fois publiques et privés. On saluera plus particulièrement l’initiative de Cap Digital, un cluster au service de l’innovation technologique et digitale, réunissant près de 700 PME, jeunes pour la plupart, toutes créatives et ambitieuses, au sein d’un réseau collaboratif, stimulant l’attractivité française.
Au-delà de cet aspect, les Français semblent avoir certains charmes aux yeux de nos homologues coréens : la créativité, l’indépendance et la capacité à se projeter sur le long terme. « Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage » … Lafontaine ne croit pas si bien dire ! La patience d’un projet de 10 ans chez Airbus, voilà « une tâche impossible à réaliser pour les coréens », selon Kim Song-Min, Senior Vice Président de SK Telecom. Et lorsque Nicolas Gaume s’exprime au nom du Syndicat National des Jeux Videos en France, nous réalisons qu’en fait, les acteurs français de cette grande industrie, très plébiscitée en Corée du Sud, n’ont rien à envier aux autres pays puisqu’ils comptent parmi eux quelques uns des grands noms de la scène internationale comme Ubisoft ou Vivendi, Ankama ou Gameloft.
Avec autant de bonne volonté, mais que manque-t-il donc à la France ? Les participants furent unanimes sur la question.
Les clés du succès coréen : une source d’inspiration
Réactivité, Adaptabilité, Service et Culture Client.
Tout d’abord, il faut savoir qu’au regard de ses voisins européens, la France est le pays qui possède la plus grande affinité culturelle avec la Corée du Sud. Pourtant, quand il s’agit du client, on observe une différence fondamentale. Si le service client en France peut être procédurier et rigide à outrance, s’étendre en longueur voire se présenter sous la forme d’un interlocuteur désagréable, cela est considéré comme inacceptable en Corée puisque la satisfaction client est placée au centre de toutes les attentions. Si l’application mobile coréenne Kakaotalk cartonne aujourd’hui auprès de ses nationaux, c’est bien grâce à cette recette. L’équipe s’est appuyée sur les remarques des utilisateurs afin de développer une application au poil. La rapidité de service des administrations coréennes en est d’autant plus troublante. Et cela s’explique notamment par la responsabilisation des agents qui doivent s’identifier avant toute communication avec le client et ainsi supporter toute incidence en cas de litige.
Qui dit culture client, dit donc aussi service. Le conseil de Joong Ho Kim est de toujours accompagner son produit d’une offre de services car, selon lui, elle semble aujourd’hui insuffisante en France d’un point de vue réseau. Son conseil se porte aussi et surtout sur deux aspects essentiels : réactivité et adaptabilité. Comme l’a confirmé Roberto Mauro, il s’agit là des clés du succès de Samsung, au-delà du sempiternel « Ppalli Ppalli » (« vite vite »), synonyme de l’efficacité, de mise en Corée. Samsung a su changer d’orientation et s’adapter à la réalité « iPhone » et à la surpasser en surfant sur la vague de l’interopérabilité, s’affranchir du superflu et ne pas perdre de temps à tergiverser, dans un environnement en forte mouvance. Le résultat : Samsung est aujourd’hui la marque électronique la plus connue auprès des Français. Si Benoit Petit-Damico, Directeur de Daewoo Electronics rejoint ses homologues sur la capacité à créer de la valeur et à agir vite, il ajoute également un point sur la nécessité de flexibiliser l’organisation du temps de travail en France.
Les PME l’auront bien compris, il ne s’agit pas seulement d’innover en termes de technologie mais bien de les accompagner de services efficaces, d’être réactif et d’être capable de s’adapter rapidement à son marché.
La Smart City : un projet innovant, un modèle pionnier issu de Corée
« Ce n’est pas la technologie qui compte mais ce que l’on en fait ». Le gouvernement coréen sait impulser de nouveaux projets d’envergure et Songdo en est le parfait exemple.

Sources : Cutedecision.com/, Liberation.fr/
Songdo[3], la première ville intelligente au large d’Incheon (Corée du Sud), fait figure de pionnière en la matière. Une smart city est avant tout une ville hyper connectée, des bâtiments fortement informatisés, des infrastructures communicantes, s’inscrivant dans le cadre du développement durable à travers l’optimisation et la réduction des consommations énergétiques entre autres, tout en apportant un confort et une qualité de vie supérieure à ses citoyens. Au cœur de la ville intelligente, le citoyen bénéficie notamment de la technologie smart grid qui optimise non seulement sa consommation mais aussi sa production électrique au jour le jour et peut également contrôler les diverses composants de son habitat en un clic.
Après s’être étendu longuement sur l’histoire et les mérites d’Issy Les Moulineaux, pas peu fier d’en être le Maire, Monsieur Santini introduisit le concept de smart city, un projet actuellement en cours de réalisation au cœur de la ville, inspiré de Songdo. Parmi les acteurs du projet, les représentants de Veolia, Alstom, Bouygues immobiler et Cisco ont pu brièvement expliquer et commenter les diverses technologies impliquées.
« Pour l’innovation, notre choix sera coréen » André Santini
La smart city est un grand pas vers l’avant, une des nombreuses innovations technologiques que l’on peut espérer voir fleurir dans les années à venir, à travers une collaboration France-Corée, toujours plus grande, aujourd’hui encouragée par des initiatives à grande échelle comme les accords de libre échange, le MoU Kbiz-CGPME, les actions des organisations bilatérales et clusters à l’image de Cap Digital.
Crédits photos : © Corée Magazine
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