
A l’occasion du Festival Pariscience qui s’est tenu du 2 au 7 octobre 2014, le premier volet d’une série de documentaires sur les villes du futur a été révélé au public. Dans cette trilogie réalisée en partenariat avec Arte et diffusée à partir de début 2015, les villes asiatiques sont mises à l’honneur et en particulier celle de Songdo, en Corée du Sud.
Estimée à 35 milliards de dollar, cette ville intelligente représente un exemple de ce que pourrait être la ville du futur. Elle incarne notre intérêt croissant pour les nouvelles technologies et leur impact sur la vie quotidienne dans un souci pratique comme écologique.
Pour une intégration régionale
Dans une perspective économique, ce projet affiche clairement la volonté de faire de la Corée du Sud un hub asiatique, une plaque tournante de l’Asie, à proximité de la Chine, du Japon et des pays d’Asie du Sud-Est. Alors que l’Asie du Nord s’impose comme un des noyaux de l’économie mondiale, Songdo permet en moins de deux heures de vol de rallier les grandes villes qui participent à cette dynamique. Sa proximité avec l’aéroport d’Incheon constitue un emplacement stratégique, tant à l’échelle du territoire coréen que dans l’intégration à l’échelle mondiale. Le pont d’Incheon, fournissant un accès rapide à l’aéroport international, fait de Songdo une zone privilégiée en comparaison avec l’éloignement de la capitale. Par ailleurs, son implantation dans la Zone Economique Franche d’Incheon vise à séduire les multinationales et à attirer ainsi les capitaux étrangers, à la faveur d’une fiscalité plus clémente.
Spécificités et origines du projet
Située à 65 km à l’ouest de Séoul, la ville de Songdo a été construite en partie sur la mer Jaune, formant ainsi un polder de 600 hectares. Ce projet a débuté en 2003, principalement sous l’impulsion d’investissements privés. La compagnie Gale International est l’acteur majoritaire de ce projet et espère pouvoir revendre à l’étranger ce concept de ville du futur. Plus qu’une simple ville, il s’agit d’une ville construite ex nihilo : elle laisse une place prépondérante à l’urbanisme, à une réflexion autour de la ville. Le cabinet d’architectes en charge du projet, Kohn Pederson Fox, a mis l’accent sur l’organisation de la ville, à travers ses différents quartiers. A la manière du jeu Sim City, les architectes ont pu optimiser l’espace urbain, ayant à l’esprit la nécessité pour la ville de répondre aux besoins de ses habitants. Les quartiers résidentiels se trouvent à proximité des quartiers d’affaires afin de réduire la durée des migrations pendulaires. Quant aux quartiers industriels, ils sont de manière compréhensible relégués dans une partie de la ville plus éloignée des quartiers résidentiels. La ville dispose de toutes les infrastructures nécessaires aux habitants telles que des hôpitaux, des écoles ou des lieux de loisirs. Des salles de sport sont intégrées aux bâtiments des quartiers résidentiels. Pour inciter les habitants à avoir une conduite responsable et écologique, des concours de consommation sont réalisés mensuellement et offrent un mois d’abonnement gratuit à la salle de sport. Cette initiative permet de sensibiliser les habitants pour qu’ils fassent des efforts chacun à leur échelle.
L’envers du décor
Dans le but de créer une ville la plus adaptée possible, toutes ses caractéristiques ont été envisagées par ses concepteurs. Alors que les rues des grandes villes sont encombrées par les voitures garées en bord de trottoirs, les places de stationnement à Songdo ne sont pas visibles dans la mesure où elles sont souterraines à 99%. L’espace sous la ville est aussi mis à profit dans ce concept de ville du futur. Sous les espaces verts, un système de collecte et de filtration permet de recycler l’eau de pluie. De même, le recyclage des déchets s’effectue grâce à un système sous-terrain qui les transporte tous jusqu’à une usine d’incinération. Ce processus met les camions de ramassage à l’écart et réduit les émissions de CO2.
Une vie améliorée par la technologie
En partenariat avec l’entreprise Cisco, tous les bâtiments de la ville sont équipés de panneaux numériques qui régulent la consommation en ressources. Ils permettent aux habitants de faire une gestion en temps réel de leur consommation en eau et en électricité par exemple. Les habitants peuvent prendre conscience de leur empreinte écologique, réduisant ainsi les coûts. Tout a été fait de manière à intégrer une forme de régulation de la vie citadine par l’intermédiaire de la technologie. Des caméras de sécurité surveillent les quartiers et les accès aux parkings sont contrôlés. Le documentaire évoquait également le cas d’un réfrigérateur intelligent qui détectait les ressources présentes à l’intérieur et qui pouvait réapprovisionner les stocks en procédant à une livraison à domicile. Cette centralisation des fonctions semble faciliter la vie des habitants.
Pour un rayonnement du développement durable
L’ancien président sud-coréen Lee Myung-Bak souhaitait faire de la Corée du Sud un exemple en matière de développement durable et de faible émission de CO2. Un effort tout particulier a donc été apporté aux infrastructures. S’orientant vers une conception plus réfléchie de ce que doit être la ville, notamment à travers la perspective énergétique, les initiatives pour contribuer au développement durable se multiplient. Le métro se distingue par l’absence de ses rejets en CO2. Les pistes cyclables s’étendent sur près de 26 km, permettant ainsi une utilisation accrue de moyens de transport peu gourmands en énergie. Les transports fluviaux mis à disposition proposent une nouvelle vision de la ville et un nouveau mode de déplacement. Les buildings construits à Songdo arborent des toits végétaux mais également des panneaux solaires. Présents à 40%, les espaces verts trouvent aussi leur place au sein de cette modernité. Le Central Park de New York, véritable poumon au cœur de l’espace urbain, a offert une base de réflexion aux concepteurs de Songdo qui ont reproduit cette idée en installant un grand parc de 41 hectares, couvrant près de 10% de la surface de la ville.
Le modèle que représente Songdo paraît utopique à bien des égards et présente des difficultés à attirer les populations. Cependant, il ouvre la voie à une nouvelle manière de penser la ville et d’intégrer nos habitudes à notre quotidien tout en étant responsables. Bien évidemment, certains problèmes se posent, dans le rapport à la technologie et au manque d’intimité qu’il implique mais il n’en demeure pas moins que Songdo laisse entrevoir un futur tourné vers plus de praticité et plus de technologie.
Crédits photo : ©Wikipédia, songdo.com, Gale International, americantesol.com, The Atlantic, strikesocial.com, bbc.com, blog.incheon2014ag.com/incheon-centralpark.
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