
En quelques années seulement, Facebook est devenu le leader incontournable des réseaux sociaux à travers le monde. Il va sans dire qu’avec sa récente acquisition, en Février dernier, de Whatsapp pour la modique somme de 19 milliards de dollars, le géant américain s’offre une place en or sur le marché de la messagerie mobile instantannée. Un marché en rapide expansion, qui compte chaque jour des millions d’initiés sur smartphone, via Whatsapp, WeChat ou encore Viber.
Pour autant, certaines régions du monde semblent encore lui résister, c’est le cas de la Corée du Sud. L’équipe de Corée Magazine s’est donc intéressée à la place de Facebook et son « petit nouveau », dans le paysage digital coréen aujourd’hui.
Commençons par un petit tour d’horizon. Tout comme ses voisins Japonais et Chinois, la péninsule a développé ses propres géants du net, qui ont longtemps dominé le marché national et asiatique, avec entre autres Naver, Line et me2Day (NHN Corporation), Cyworld et Nate (SK Communications) ou encore Kakaotalk.
Naver, l’équivalent coréen de Google, représente actuellement 70 à 80% du marché, loin devant Google et Daum (2e portail et moteur de recherche coréen). Sept recherches sur dix s’effectuent sur Naver. Il a donc de l’avance sur le territoire et a les atouts pour sécuriser son statut de leader : avantage de la langue, référencement et pages de résultats efficaces et adaptées mais surtout, pionnier à plusieurs reprises notamment dans l’affichage des résultats par catégories (News, Images, Vidéos, Blog, Sites) ou le service de Questions/Réponses Jisik In, type Yahoo Answers. Naver Corp possède également Line et me2Day, les équivalents coréens respectifs de Whatsapp et Twitter.
Dans la catégorie Blog, bien que Naver et Daum soient largement présents, c’est Cyworld qui a rencontré le plus grand succès avec plus de 25 millions d’utilisateurs depuis sa création en 1999. Avec sa forme intéractive, il fut le premier à mettre en relation des amis via le réseau, proposer des pages personnelles et personnalisables appelées MiniHompy et des achats virtuels par le biais d’acorns, la monnaie virtuelle de Cyworld. Le site est devenu un phénomène de société que l’on retrouve également sur les écrans, à travers le film « My Boss, My Teacher » en 2005 et donna même naissance à de nouveaux mots dans le dictionnaire coréen. Cependant, la Cyworld mania s’essoufle et connait son pic en 2011 avec l’émergence de nouvelles tendances locales et mondiales. Les Coréens veulent un réseau élargi au delà de ses frontières et des plateformes plus flexibles et adaptées à leurs nouveaux smartphones, ce que propose Facebook, en pleine expansion en Asie Pacifique.
La ruée vers Facebook est toutefois limitée. Le réseau semble avoir une attractivité moindre dans la mesure où peu d’utilisateurs coréens sont présents et actifs. On lui préfère Kakaotalk, bel et bien adapté à la révolution mobile.
Certes, ce dernier n’est pas des plus internationaux, mais dans la catégorie réseau social mobile, il excèle et surpasse Facebook et Whatsapp (US) ou encore, WeChat (Chine) en terme de services. Vous l’aurez compris, il ne se contente pas d’offrir une plateforme de messagerie instantanée mais il met aussi à disposition KakaoStory, l’équivalent de Facebook, où peuvent intéragir les amis, aimer et liker, poster des statuts et des photos avec des outils dignes d’Instagram. C’est aussi une plateforme de jeux tels que Anipang, dont les plus adulés forment la quasi intégralité du Top 25 coréen, et une plateforme d’achats à la fois virtuels et réels tels que les Gifticons. Les Gifticons sont des sortes de coupons pour des biens de consommation allant du simple café Starbucks aux bijoux à 600$ pièce, que l’on peut offrir à ses connaissances. Sur présentation du bon en boutique, ils se voient remis leur cadeau. Si Kakaotalk s’intéresse principalement à ses utilisateurs, il ne laisse pas les marques et les célébrités en reste puisque la fonction Plus Friend leur offre un outil marketing sans équivoque pour atteindre les consommateurs coréens toujours plus connectés. Kakaotalk compte aujourd’hui plus de 133 millions d’utilisateurs actifs, a dépassé Naver en terme de valeur et pèse 2,5 milliards de dollars, à quelques mois de son entrée en bourse, prévue pour Mai 2014.
L’univers digital coréen est un environnement en constante mouvance auquel les géants Made in Korea semblent s’adapter plus rapidement à travers la recherche perpétuelle de nouveaux services et une mise en application quasi instantannée, qui leur vaut souvent le statut de pionnier. Enfermer ses idées au fond d’un laboratoire ou les tester sur son marché : les Coréens ont vite fait le choix. A l’heure où vous me lisez, une nouvelle app tendance est probablement déjà sur le point de détrôner Kakaotalk… Bienvenue à Line ?
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