
Rencontrez Fabien Yoon, acteur et modèle français installé en Corée du Sud.
Depuis plus d’un an, Fabien Yoon fait de plus en plus parler de lui. Modèle, acteur mais aussi présentateur, le frenchie fait son trou en Corée avec brio ! Frenchie ? Oui ! Car disons-le maintenant, Fabien Yoon (ndlr. provenant de Choi Yoon, nom donné par son groupe de Taekwondo) n’est pas franco-vietnamien, seulement 1/8ème de sang vietnamien provenant de son grand-père métisse.
L’équipe de Corée Magazine étant de passage à Séoul, nous avons souhaité rencontrer le français qui fait du bruit sur la toile coréenne. Rendez-vous était donné au cœur de la capitale sud-coréenne, près du quartier de Hongdae. Bien installés dans l’un des nombreux cafés séoulites, nous entamons l’interview.
Corée Magazine (CM.). Tu es aujourd’hui de plus en plus reconnu dans la sphère coréenne et également internationale. Parles-nous de toi et de ton parcours.
Fabien Yoon (FY.). Je m’appelle Fabien, j’ai 27 ans (âge occidental) et je viens de Paris. Je me suis intéressé à la Corée quand j’étais tout petit avec le taekwondo en 1992. J’avais 5 ans. J’ai commencé complètement par hasard car, comme je me battais toujours à l’école, ma mère voulait que je fasse un art martial, et il y avait une école de Taekwondo juste à côté de chez moi. Dès le début, ça m’a beaucoup plu et je me suis entraîné très sérieusement.
Puis du Taekwondo, je me suis intéressé de plus en plus à la Corée. D’abord aux films coréens puis à la musique coréenne car il y avait des équipes coréennes de démonstrations de Taekwondo qui venaient en France et qui utilisaient de la musique coréenne. Je m’intéressais donc à la première k-pop comme par exemple le groupe H.O.T. Et de plus en plus, je suis devenu un passionné de la culture coréenne quand tout le monde s’intéressait au Japon.
J’ai continué le Taekwondo et je suis entré en équipe de France. C’était ma passion. Du coup, j’avais toujours voulu aller en Corée mais je n’en avais jamais l’occasion à cette époque. J’ai mis de l’argent de côté et à l’été 2007, je suis parti. J’avais prévu de partir 3 mois.
CM. Uniquement pour visiter ?
FY. Oui pour visiter. Je voulais faire du Taekwondo, voir le pays. Je voulais savoir à quoi ça ressemblait. Ça m’a beaucoup plu. Les gens étaient gentils, le pays était cool, la nourriture était bonne. Quand je suis rentré en France, il ne me restait plus beaucoup d’études. Je faisais des études en commerce International même si, en parallèle, je voulais devenir acteur. Car à côté du Taekwondo, j’étais dans une école de théâtre.
Je suis donc rentré en France, j’ai passé mes derniers examens et je suis retourné en Corée en 2008. Comme je faisais déjà du mannequinat à Paris, je me suis dit que je pourrais trouver une agence en Corée pour travailler. Je voulais aussi apprendre le coréen, donc j’ai pris des cours à l’Université Ehwa. Parallèlement, je faisais du Taekwondo et j’ai aussi trouvé une agence de mannequinat. Ça me permettait de gagner un peu d’argent car les cours coûtaient cher et je ne savais pas du tout combien de temps j’allais rester.
En fait, je voulais juste me faire plaisir pendant quelques mois, apprendre une nouvelle langue, faire du Taekwondo. Au début je suis resté 3 mois, puis 3 autres mois, et je prolongeais à chaque fois. Comme il n’y avait pas beaucoup de modèles étrangers, j’avais du travail en mannequinat. Et puis, j’ai commencé à m’attacher au pays. Finalement, je me suis installé naturellement, et je suis en Corée depuis maintenant 6 ans.
Mais le mannequinat était pour moi un simple travail alimentaire. Ce qui m’intéressait, c’était d’être comédien. Je n’avais même jamais eu l’ambition d’être acteur au cinéma ou à la télévision parce que j’ai toujours voulu faire du théâtre. Pourtant, jouer à l’écran m’est tombé dessus un peu par hasard parce que je parlais coréen. Et mieux je parlais coréen, plus j’avais des propositions pour passer des auditions. J’ai joué dans un premier premier drama en 2009, « East of Eden » où j’avais quelques lignes en anglais. Le drama était très populaire en Corée et j’avais une scène avec Song Seung Heon. C’était quelque chose d’incroyable pour moi !
J’aimais la Corée, et je me disais que si je parlais bien coréen, je pourrais avoir d’autres propositions. Du coup, je me suis naturellement remis au théâtre, mais en coréen. J’ai fait partie d’une troupe de théâtre coréenne pendant deux ans. En 2010, j’ai fait ma première pièce de théâtre en coréen. La pièce s’appelait « Blind ». J’y jouais deux rôles : un médecin et un barman.
CM. Tu as donc appris la langue coréenne très rapidement
FY. Oui, j’ai appris très vite pour pouvoir communiquer. J’étais vraiment obsédé par l’apprentissage de la langue. À l’époque, il n’y avait pas autant d’étrangers en Corée. Donc même avec l’anglais, c’était vraiment compliqué.
C’est surtout pendant ces 2 années de théâtre que mon coréen s’est amélioré. Car le théâtre en Corée, c’est vraiment très difficile. En plus, j’étais le plus jeune de la troupe. Pendant deux ans, je n’ai presque pas parlé français. Il fallait arriver tôt le matin. On répétait environ 12h par jour. Du matin au soir, et parfois, on dormait dans la salle de répétition ; Ainsi, ma compréhension de la culture coréenne a aussi beaucoup progressé. Et ce sont ces deux années qui ont fait que j’ai pu être accepté par les coréens en tant que l’un des leurs. Pourtant parfois j’ai failli craquer, j’étais vraiment à bout. Mais je me suis rendu compte à quel point cela a été bénéfique. Pour réussir en Corée, il fallait que je comprenne leur culture, leur histoire, leur façon de penser et ce n’est pas forcément facile. Donc le théâtre m’a beaucoup aidé. Et j’ai pu faire quelques dramas à côté.
CM. Comme « Secret Garden » ?
FY. Oui, j’ai fait deux scènes dans secret garden, avec Hyun Bin. J’ai aussi joué dans 12 épisodes de Docteur Jin. C’était l’un de mes rôles les plus importants à ce moment-là. J’ai aussi joué dans « I Miss You », il y a deux ans.
CM. Et côté cinéma ?
FY. Cinéma ? Mon premier film sort en novembre. J’y ai un petit rôle, mais c’est le premier rôle où j’ai des lignes et où je ne fais pas que passer derrière. Le film s’appelle « Fashion King ». Ce film est issu d’un manga. Il y a aussi eu un drama. L’histoire se passe dans une école où il y a une « guerre des styles ». Il y a donc le « Fashion terrorist », le « jean-paul gauthier », et de nombreux personnages différents dans ce thème. Parmi ces personnages, je suis celui qui a le style à la française.
CM. Est-ce que le french style qu’ils ont inventés correspond au vrai style français ?
FY. Pas du tout ! (rires) J’étais habillé plutôt avec de la mode coréenne que de la mode française.
CM. Quel est le french style dans l’imaginaire coréen ?
FY. Dans l’imaginaire coréen, on tient tous une baguette, on a un béret, on mange du fromage et on boit du vin. Donc j’essaye de leur expliquer que je n’aime pas le fromage, que j’ai bu du vin pour la première fois en Corée et que je déteste les bérets parce que ça ne me va pas du tout (rires).
CM. Donc le goût coréen te convient bien. Est-ce que tu cuisines coréen ?
FY. Oui, je cuisine coréen. Parce qu’au bout de 6 ans à habiter seul en Corée, j’ai été obligé de cuisiner. En fait, les coréens ont l’image du français qui cuisine de la nourriture française. Du coup, il y a deux ans, j’ai commencé à mettre des photos sur un blog coréen des plats que je faisais, juste comme ça. À partir de ce moment là, j’ai été sélectionné pour faire une émission de cuisine. Et maintenant, j’ai plusieurs émissions culinaires. Il y a « My Little Kitchen » sur Arirang qui est en anglais, et qui ne présente pas uniquement des plats coréens. Je fais une autre émission de cuisine chez moi avec un ami producteur. Les vidéos sont destinées à être publiées sur les réseaux sociaux.
Sinon je fais aussi une autre émission qui sera diffusée en novembre et qui s’appelle « The Best Ramen ». Nous sommes 5 personnalités, dont des idols. On nous emmène dans chaque région de la Corée et on utilise des ingrédients locaux pour faire chacun notre ramyeon. Puis, 100 personnes viennent goûter les 5 ramyeon et choisissent le plat qu’ils ont préféré. Celui qui obtient la première place choisi un ingrédient, et celui à la dernière place doit aller le chercher à la campagne. Chaque semaine, j’espère ne pas être le dernier.
CM. Qui sont les autres participants ?
FY. Il y a Chang min des 2AM. Rokhyun de 100%, jisook de Rainbow, et jang juri qui est une actrice.
CM. Tu es donc le seul « étranger » dans l’émission. En général, est-ce que les coréens sont plus conciliants avec toi du fait que tu es étranger ?
FY. Ça dépend des gens. Avant si je faisais une faute ou si je ne savais pas quelque chose de la culture coréenne, ce n’était pas grave, ils trouvaient ça mignon. Mais maintenant, je n’ai plus vraiment le droit à l’erreur. Mais j’ai beaucoup de chance. Aujourd’hui, parce que je parle coréen et que je me suis intégré, je fais beaucoup de choses qui me plaisent et j’ai un peu plus de liberté dans mes choix. C’est grâce à l’émission My Little Kitchen. Arirang qui a des taux d’audience très important. Avant cette émission, j’avais beau jouer dans des dramas, faire des publicités qui apparaissaient dans des magazines, personne ne me reconnaissait. Et du jour au lendemain, tout a changé.
CM. Tu es revenu en France pour le tournage d’une émission. Est-ce que ton niveau de reconnaissance a évolué aussi en France ?
FY. Oui, quand je suis venu tourner en France, des gens m’ont reconnu, et ça m’a vraiment fait bizarre et plaisir. Quand des coréens me reconnaissaient, ça me semblait plus logique. Mais il y a aussi des français qui m’ont reconnu ! Je pense que c’est dû notamment à mon passage dans l’émission Running Man, car beaucoup de français semblent regarder cette émission.
CM. Tu as également participé à « Happy Together »
FY. C’est exact. Je pense que c’est bien de passer dans des émissions qui sont diffusées aussi à l’étranger. Au début, j’avais un public majoritairement coréen. Maintenant, avec les émissions de kpop ou de cuisine en anglais, il y a de plus en plus de personnes qui me connaissent à l’étranger. Du coup, le Ministre des Affaires étrangères m’a nommé « représentant du rayonnement de la culture coréenne à l’étranger ». Ils m’ont contacté car ils estimaient que j’avais une compréhension de l’histoire et de la culture coréenne suffisante pour pouvoir donner une image positive de la Corée à l’étranger. Par exemple, quand il y a des évènements, je suis parfois envoyé pour assurer une présence. Quand je passe dans des émissions, aussi à l’étranger, j’essaye de promouvoir la culture, de parler du pays. En fait, d’expliquer aux étrangers qu’ils peuvent venir en Corée, qu’il y a de bonnes choses pour eux ici. C’est un peu mon rôle et je suis content de le faire car j’aime autant la France que la Corée.
CM. Comment tu as vécu justement ce passage de la personne non connue, à la personne connue ?
FY. C’est très bizarre car ça s’est fait du jour au lendemain. En Corée, sur le site Naver, mon nom a été le mot le plus recherché pendant une semaine à la suite de l’émission. C’était incroyable. Sur mon site coréen, mes fans étaient surtout des fans qui me suivaient en tant que modèle. Et tout à coup, le nombre de fans a augmenté fortement et me suivaient en tant qu’acteur. Je me disais que pendant ces 5 années difficiles, je n’avais pas travaillé pour rien. Les émissions que je fais actuellement, c’est vraiment beaucoup de plaisir. En ce moment par exemple, je fais également une émission avec des idols de k-pop qui s’appelle « MPD », sur la chaîne TV MNet. Chaque semaine, je reçois des groupes de kpop et on discute de leur comeback, on commente leur clip vidéo. L’émission passe aussi sur Youtube
CM. Tu as d’ailleurs fait une émission avec les teen top
FY. Oui, avec les Teen Top, c’était la toute première émission, il y a un mois. Ensuite j’ai fait une émission avec TARA, BtoB, et hier le groupe VIXX. J’ai aussi fait l’émission avec 2PM mais ça n’a pas pu être diffusé à cause de leur planning de promotion qui venait de se terminer. Il faut savoir que l’industrie kpop fonctionne par périodes de communication. Ces périodes durent généralement un mois.
CM. Comment as-tu vu évoluer la Corée pendant ces 6 dernières années, notamment dans l’industrie du divertissement ?
FY. Si je devais faire deux périodes, ce serait l’avant et l’après 2010. C’est en 2010/2011 que la vague coréenne, Hallyu, a vraiment commencé à s’exporter et que les gens ont commencé à découvrir la Corée. Avant, on ne connaissait la Corée que pour la Coupe du Monde, quelques films. Et encore on ne savait pas vraiment si le film était coréen, japonais ou chinois. Aujourd’hui, on connaît la corée pour ses groupes de kpop, les gens connaissent la hallyu qui contient aussi la beauté coréenne, les films, la gastronomie, la mode, etc. En Asie, la Corée est devenue une culture dominante. Je pense même que la cuisine coréenne peut devenir la première cuisine d’Asie. Et même en France, quand je suis parti, il devait y avoir seulement une dizaine de restaurants coréens dans Paris. Mais maintenant, il y a énormément de restaurants et d’épiceries.
CM. Quels seraient pour toi les plus et les moins de la culture coréenne ?
FY. Comparé à la France, les études sont très chères en Corée et l’image compte beaucoup. Du coup, si tu viens d’une certaine université, tu auras une certaine image. Ils ont aussi une concurrence tellement élevée ! A partir de 6 ans, ils font des cours du soir jusqu’à 22h, ils n’ont pas de vie sociale.
Mais ce qui est bien, c’est que la Corée a une notion de respect très importante. Le respect de sa famille, de ses aînés, et aussi le respect des autres personnes dans la rue. En Corée, il n’y a pas d’insécurité, les gens ne dégradent pas. Aussi, la Corée a, comparé à la France, une qualité de service très impressionnante que ce soit dans les restaurants, les cafés, les lieux publics ; ils sont très carrés, aimables et très rapides.
CM. Y a-t-il un endroit en Corée que tu aimes particulièrement et que tu conseillerais à nos lecteurs ?
FY. Ce que j’aime à Séoul, c’est la montagne à l’intérieur de la ville. Et ce sont de très belles montagnes, parfois d’un niveau très difficile. Pouvoir prendre le métro et aller à la montagne dans une ville comme Séoul, c’est vraiment génial.
Sinon, je pense que chaque quartier à son charme selon ce que l’on aime. Hongdae par exemple est très bien pour ceux qui aiment faire la fête, et ceux qui aiment aller dans les bars car c’est très vivant et tout est allumé 24h/24.
Il y a aussi un quartier très agréable qui est Samcheong-dong. Il y a beaucoup de bons restaurants et c’est assez traditionnel.
Mais j’aime aussi beaucoup le quartier de Daehangno, quartier étudiant près de l’Université d’Ehwa. C’est aussi le quartier des théâtres.
CM. Un petit mot pour tes fans ?
FY. Ça me fait très plaisir de voir qu’il y a de plus en plus de français qui s’intéressent à la Corée, qui ont la même passion que moi. Et j’espère qu’il y aura de plus en plus de gens qui s’intéresseront à la culture coréenne. J’espère aussi être un digne représentant de la France en Corée.
En tout cas, merci beaucoup. Plus vous me soutenez et plus vous me donner la force et l’envie de continuer à faire des choses ici en Corée, et aussi pour les français. À bientôt en Corée !
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Crédits photos à la Une : © Corée Magazine
Crédits photos portrait de Fabien et vue de Séoul : © Corée Magazine
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